Jo Little : “J’ai un besoin permanent d’être en relation avec les autres”
Jo Little est un petit garçon à la mèche blonde né dans le service pédiatrique de l’hôpital Necker. Message d’espoir, il fait désormais sourire les passants de la ville de Paris.
Vous avez créé ce personnage durant votre parcours professionnel, pouvez-vous nous en dire plus sur lui ? Qui est-il ? Qu’est-ce qu’il représente pour vous ?
L’idée de base était vraiment une mèche, la marinière et ce regard : symbole d’égalité. Jo dans son essence était un ange gardien que je dessinais pour et avec les enfants malades de l’hôpital.
Jo Little est un message de tolérance, de liberté et de jolis sentiments avec un fond grave. Il porte pour moi quelque chose de douloureux dans son regard, dans son attitude, dans le paysage qui l’entoure. Il a vécu des choses dures mais veut apporter du positif autour de lui. Pour les enfants c’est l’hospitalisation, la douleur de la maladie chronique mais aussi l’espoir. Je l’ai vu dans le regard des enfants, face aux parents montrer que tout va bien. Cela me bouleverse. Jo n’a pas d’âge, il a l’âge que l’on veut lui donner et il détient une part de chacun d’entre nous. Les yeux sont très durs à faire pour moi car ils en disent beaucoup sur Jo, sur ce qu’il ressent.
Dans mes dessins il y a souvent un cœur ou des bulles de couleur. Le cœur est un peu le nez rouge de Jo, c’est ce qui attire l’œil. Les bulles représentent des émotions, des souvenirs… chaque couleur est une émotion précise.
Jo est né pour donner le sourire aux enfants malades. Pourquoi avoir choisi de continuer sur le format street art ?
L’évènement du Bataclan a été l’élément déclencheur pour moi. Castelbajac m’incitait à aller dans la rue en me disant qu’il fallait partager ce personnage et ce qu’il représentait. Suite à ce terrible évènement, j’ai voulu panser les gens dans la rue.
Finalement Jo Little, est-ce vous, le petit garçon ou un mélange de vous deux ?
Jo est une part de moi. Je porte une mèche blonde aussi, je l’ai gardée depuis mon enfance.
Je pensais qu’avec la naissance de mon fils cette partie de moi disparaîtrait et que je n’aurais plus besoin de le dessiner. Je pensais vraiment que l’envie et l’idée allaient partir mais je me suis rendu compte qu’il sera toujours là.
Vous avez fait plusieurs collaborations avec des street artists reconnus tels qu’Ardif, Ami Imaginaire, Toc Toc… Que vous ont apporté ces expériences ?
C’est d’abord une rencontre avec une personne, un univers, une technique. Le lien est très important pour moi et les collaborations que j’ai pu faire se sont faites après une rencontre. Avec Toc Toc et Lego to the party, le but était de faire un Jo dans d’autres techniques. Le projet avec Ardif avait un sens très fort car nous avons créé un Jo au cœur mécanique. Il me faisait penser à l’enfant que l’on réduit à l’état d’esclave dans certains pays.
Ce que je garde des expériences en collaboration ou lors des vernissages, ce sont les rencontres.
Quel projet vous a le plus marqué ? Pourquoi ?
Chacun de mes projets a été marquant d’une certaine manière.
Play Me France par exemple a été un réel défi car j’ai dû peindre toute la journée sur un piano assez abimé. Il fallait que je fasse quelque chose de beau avec mon matériel. Puis il est parti dans un service de pédopsychiatrie où il est maintenant exposé. J’aime beaucoup la place qu’il y occupe.
Les ventes de skates, les customisations diverses ; chaque projet a été plein de sens et collaboratif. Les rencontres et l’idée de partager un moment de bonheur avec les autres est le plus important à mes yeux.
Comment arrivez-vous à concilier votre travail à l’hôpital et vos créations artistiques qui prennent de plus en plus d’ampleur ?
Je travaille cinquante heures par semaine à l’hôpital, je dessine donc le samedi la plupart du temps.
Je fais en effet de nombreuses collaborations et je suis assez actif sur les réseaux. Mon but est de toujours garder ce lien humain, de partager le plus possible. J’ai un besoin permanent d’être en relation avec les autres. Lorsque je partage mon travail, j’ai espoir qu’il fasse écho à quelqu’un et qu’il me réponde. Dans mon travail il n’y a pas de recherche de publicité mais surtout de feedback et de lien.
Les collaborations avec de petits objets plus accessibles permettent à chacun d’avoir son Jo sous différentes formes. Elles m’ont permis de rencontrer et faire connaitre des petites entreprises françaises.
Avez-vous des projets en cours ou dans l’avenir ?
Mon principal projet est de continuer à donner le sourire aux gens !
Propos recueillis par Eléonore Prunevieille
Articles liés
“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...
“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...
La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...